Emanuele Egildo
Mandoline de Concert Emanuele Egildo Modèle B de 1914
Egildo Emanuele (1866-1955) aurait été un disciple italien de Luigi Embergher, mais à la différence de ce dernier il aurait fait toute sa carrière de luthier en France dès l'aube du 20ème siècle, à l’exception de son apprentissage supposé à Rome.
En effet, Emanuele montre tout au long de sa production, de 1899 à la fin des années 1940, une connaissance approfondie des instruments d'Embergher aussi bien que des recherches théoriques de ce dernier. Toutefois, s’il reprend le modèle de ses instruments, il ne les copie pas servilement, cherchant à développer une gamme plus condensée, entre exigence de qualité et prix contenus. Sa main, tout de même différente de celle d’Embergher, n’exclut pas une personnalité puissante qui perce à travers tous ses instruments : mandolines avant tout, mais aussi bandurrias et guitares.
Son parti pris est d’offrir plus qu’Embergher pour un prix inférieur, grâce à certaines concessions sur les décorations et les finitions, souvent moins précises, mais avec un choix de bois supérieur sur les instruments intermédiaires et les petits instruments. C’est pour cette raison qu’il est surnommé à juste titre « l’Embergher français ».
Ici, cette belle mandoline de 1914, portant le numéro 687, est un modèle B (A étant réservé aux mandolines avec tête lombarde et C aux mandolines d’entrée de gamme à intermédiaire), entièrement d’origine, signé à l’intérieur, dans sa version la plus haut de gamme : avec des renforts, un vernis intérieur, une plaque ouvragée, un chevalet compensé à sillet en os et une table bordée de pistagnes de nacre, ce qui correspond au modèle 4 d’Embergher.
Certainement réalisé sur commande pour une soliste d’orchestre, cet instrument présente une tête unique plaquée de bois de rose et incrustée de nacre par Emanuele.
Cette mandoline présente 29 côtes d’un superbe palissandre, utilisée par Emanuele pour moins d’1 instrument sur 15, lui préférant majoritairement l'érable.
Le son est donc particulièrement projeté et sonore, dans les graves comme dans les aigus, grâce également à une touche évidée selon le brevet de Giovanni Battista Maldura, dont Embergher a également usé avec succès pour ses propres mandolines.
Image du dessin technique du brevet d'invention de la touche et du chevalet de Giovanni Battista Maldura datant de 1884.
(Source : Lorenzo Lippi)
La fente sur la table a été restaurée dans les règles de l’art et ne présente plus aucun risque pour la structure de l’instrument.
Caractéristiques techniques :
- Table : Épicéa
- Fond : Palissandre 29 côtes
- Manche : Hêtre finition noire
- Touche : Ébène
- Largeur au sillet : 25 mm
- Radius : Romain Type Maldura
- Frettes : 24 frettes (+ une frette zéro)
- Diapason : 344 mm
- Profil : Romain (V)
- Pickguard : Écaille et Nacre blanche
- Pays de fabrication : France
- Année : 1914
- Finition : Naturelle
- Décorations : Pistagne de nacre blanche en bordure de table / Rosace incrustée de nacre blanche en forme de motifs grecs / Repères de touche en nacre blanche de forme circulaire / Tête incrusté de bois de rose et de nacre blanche
- Détails : Fente de table réparée / Très bon état
Cette mandoline est entièrement restaurée et parfaitement jouable, elle possède un confort de jeu particulièrement agréable, avec un beau chevalet compensé d'origine.
Le choix a été fait de monter l’instrument avec les cordes Optima flatwound light, fabriquées par Lenzner, qui lui offrent un toucher et une sonorité d’une grande douceur, avec un son puissant possédant une bonne projection, typique des romaines, ainsi qu’une jouabilité sans effort, tout en préservant cet instrument déjà plus que centenaire.
Comme tous nos instruments, la mandoline est livrée parfaitement réglée et prête à jouer, avec une action basse, dans son étui « acajou » d’origine, sans autre frais à prévoir.